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Réalisateur : Yves Boisset

Origine : France

Durée : 1H40

Année : 1974

bareme 4

 

Avec : Jean Carmet, Pierre Tornade, Ginette Garcin, Jean Pierre Marielle...

 

Synopsis :

 

Comme chaque année, Georges Lajoie (Jean Carmet), un cafetier parisien, part avec sa famille dans un camping de la côte d'azur. Sur place, il retrouve ses amis les Shumacher et les Colin. Georges ne reste pas insensible aux charmes de la jeune fille des Colin (Isabelle Huppert). Alors qu'il se retrouve seul à seul avec elle, il la viole et la tue. Il décide alors de jeter le corps près d'un chantier où travaillent des étrangers. Des coupables tout trouvés...

 

Critique :

 

Découvert sur le tard, Dupont Lajoie m'a véritablement estomaqué! Véritable radiographie du racisme ordinaire durant les trente glorieuses, le film d'Yves Boisset est un bras d'honneur adressé à la beaufitude la plus crasse, état d'esprit qui animait certain de nos concitoyens il y a de ça quelques années. Sur un scénario imparable de Jean Pierre Bastid et Michel Martens, Dupont Lajoie nous plonge dans un monde pourri jusqu'à l'os où la lâcheté, le racisme, et l'hypocrisie sont de mise.

 

Là où le film Camping se moquait gentiment des caravaniers en nous faisant croire que ces gens avaient le coeur sur la main, Yves Boisset sort l'artillerie lourde et fout carrément la trouille au spectateur. L'insondable beauferie du héros principal fait froid dans le dos car Dupont Lajoie n'est pas un franchouillard "con mais sympa". Non, Dupont Lajoie est une ordure finie, un être d'une immense couardise, un monstre libidineux qui fait étalage de sa profonde xénophobie, bref, le portrait parfait d'un citoyen au dessus de tout soupçon dans la France de Giscard. Voir évoluer ce personnage dans un film est un plaisir de cinéphile et une date importante dans le cinéma français des années 70.

 

DUPONT-LAJOIE-1975_reference.jpg

 

Il faut saluer le courage d'Yves Boisset dans son travail de démolition d'une époque bénie des dieux pour notre mère patrie. Le réalisateur tire à boulets rouges sur les poncifs concernant les trente glorieuses et semble dire : "C'est vrai qu'en 1974 la croissance économique était forte, le retour d'une situation du plein emploi montrait sa tronche, mais ce pays était sclérosé par deux saloperies: le racisme ordinaire et la cupidité." Rarement un long métrage français aura été capable d'être si politiquement incorrect et si désireux de sonder la mauvaise conscience populaire. Yves Boisset nous montre le visage d'une France soit disant insouciante dont le "tsar" n'est pas le président mais l'animateur Léon Zitrone (surnommé Léo Tartafionne dans le film!) dont le travail consiste à anesthésier le cerveau de ses compatriotes en leur offrant du pain et des jeux. Mais derrière cette proprette façade, les démons de la deuxième guerre mondiale (la collaboration) et de la guerre d'Algérie (racisme) sont profondément encrés dans les veines de nos chers campeurs.

 

Portrait au vitriol d'une certaine France, Dupont Lajoie est un modèle de cinéma engagé porté par l'immense prestation de Jean Carmet. Lorsque défile le générique de fin sous nos yeux ébahis, on se rend compte qu' Yves Boisset vient juste de nous tirer un coup de chevrotine dans le derrière.

 

Mention spéciale à Victor Lanoux, terrifiant dans le rôle d'un ancien de l'Algérie.

 

 

Bande annonce :

 


 

 

Extraits du film :

 

 


 

 

 

Yves Boisset est un franc tireur, un réalisateur immanquable lorsque l'on s'intéresse au cinéma français :

link

 

 

Tag(s) : #A LA CARTE (meilleurs films au choix)
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