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Problématique : Comment le film Impitoyable (1992) s'inscrit - il dans le genre du western?

 

 

Le réalisateur : Clint Eastwood

 

 

La carrière de Clint Eastwood commence par un bout d'essai à la compagnie Universal en 1955, puis il joue dans des films de séries B et se fait connaître par la série western télévisée, Rawhide. C'est grâce à sa collaboration avec le maître du western à l'italienne, Sergio Leone, qu'il acquiert une renommée internationale : sa convaincante interprétation du cow-boy sans nom dans la trilogie du western spaghetti, Pour une poignée de dollars (1964), Et pour quelques dollars de plus (1965) et Le Bon, la Brute et le Truand (1966), fait de lui un mythe. Devenu vedette du genre, il passe à la réalisation et tourne des westerns de qualité, comme Josey Wales hors-la-loi (1976), Pale Rider (1985), Impitoyable (1992), dont la vengeance est le thème central. Il traite d'autres genres, aussi bien comme acteur que comme réalisateur.

 

 

L'histoire d'Impitoyable :


 

Dans le bordel de la petite ville de Big Whiskey, la prostituée Delilah (Anna Thompson) est balafrée par Quick Mike (David Mucci) et Davey Bunting (Rob Campbell). Le shérif n'inflige qu'une petite amende aux deux brutes et étouffe l'affaire. Mais les femmes du bordel décident de se faire justice toutes seules et mettent à prix la tête de leurs agresseurs. Le jeune Schofield Kid (Jaimz Woolvett), aspirant chasseur de primes, veut gagner cette prime et il demande son aide à Will Munny (Clint Eastwood), ancien tueur désormais retiré. Celui-ci accepte et entraîne dans l'affaire son vieil ami Ned Logan (Morgan Freeman). La vengeance ne va cependant pas sans dommages : Ned est tué par les hommes du shérif, Kid abat Quick Mike, mais se rend compte que le métier de tueur n'est pas fait pour lui. Seul Will Munny, qui a tué Bavey Bunting, vengera aussi la mort de son ami Ned Logan, avant de retourner à sa ferme.

 

 

Qu'est ce que « le genre »? :


 

Le modèle sémiologique proposé par Christian Metz dans Langage et cinéma, influencé comme les travaux de Genette par la linguistique structurale, fournit un appareil conceptuel dans lequel le genre est pensé comme un texte unique et continu sans cesse ouvert sur sa propre prolongation. Le genre devient « groupe de films » entendu comme « un vaste texte collectif qui enjambe plusieurs frontières inter-filmiques », qui « porte en lui un système textuel ». Cette conception du genre découle de la thèse développée par Metz selon laquelle le cinéma est « un langage sans langue » dans lequel jouent des codes dont l'articulation tient lieu de langue. Si chaque film utilise ses codes, son appartenance à un genre cinématographique est garantie par l'utilisation de codes cinématographiques particuliers.

 

Ainsi, le western mobilise, comme tout film, des codes non spécifiques et cinématographiques généraux, mais il n'est un genre que parce que s'y ajoutent des codes particuliers. Nous tâcherons d'analyser ces codes pour affirmer l'appartenance du film Impitoyable au genre, en l'ocurrence celui du western. Car le western se définit à la fois par des personnages, des lieux, des modes de filmage de ces personnes et de ces lieux, et par une organisation de ces éléments autour d'une frontière entre « Wilderness » et « Civilization ». Impitoyable peut être également analysé par le biais de cette frontière.

 

 

Le genre Western :


 

Le western fut longtemps considéré comme « le cinéma américain par excellence ». Ce genre cinématographique conte, sur le mode héroïque ou critique, la conquête de l'Ouest des Etats-Unis et la difficile naissance de la nation américaine.

 

Les fictions du western s'inscrivent dans un passé légendaire que l'on peut pourtant replacer dans le temps (généralement entre 1840 et 1890, ces dates étant parfois transgressées) et situer à l'ouest du Mississipi, dans l'espace mouvant de la « frontière » en constante progression vers le Pacifique. Même s'il fait souvent appel à l'histoire, le western ne relève que très exceptionnellement du film dit « historique ». Il donne des événements une représentation mythique qui varie sensiblement en fonction du contexte de l'époque qui la met en scène.

 

 

I/ Analyse détaillée des personnages du film:


 

Dans l'ouvrage Ecoles Genres et mouvements au cinéma de Vincent Pinel, l'auteur nous présente les caractéristiques propres au western comme l'époque où se déroule ce genre, ces lieux, ces décors et plus particulièrment ces personnages. Notre première partie va s'intéresser à cette dernière catégorie :

 

 

1) Le good badman (le mauvais garçon repenti) : William Munny (Clint Eastwood)


 

Le personnage de Munny interprété par Eastwood est un ancien tueur repenti depuis sa rencontre avec Claudia, une femme admirée et aimée, aujourd'hui décédée. On apprend le passé de Munny par les récits qu'en fait le Kid et le shérif. Munny était un tueur impitoyable, tuant femmes et enfants pour de l'argent. L'amour d'une femme a sauvé son âme. Comme tout repenti, il croit désormais en une morale. Lors d'une scène dans les grands espaces de l'Ouest, Ned demande à Munny s'il est déjà allé en ville pour aller voir des prostituées. Ce dernier répond que ce n'est pas bien de payer pour la chair.

Dans une autre scène, Munny repousse un verre de whisky qui est devant lui. Ancien alcoolique, il a juré à sa femme de ne plus boire d'alcool. Il fait dans le film figure de vieux sage, qui sermonne ses collègues quand il lui semble qu'ils vont dans le mauvais chemin. Le héro William Munny s'inscrit pleinement dans le code du western dans l'archétype du westerner : Il est calme, mélancolique, la solitude fait partie de sa vie (décès de sa femme), c'est un « tall slim american ». Comme tout good badman c'est également un « gun fighter ». Eastwood est un homme devenu bon mais qui a un passé maudit.

 

 

2) Le Shérif : Little Bill dagget (Gene Hackman)


 

Il est très intéressant d'analyser ce personnage de part sa complexité et son appartenance à plusieurs personnages du genre propre au western. Litlle Bill Dagget cumule le rôle du shérif, celui du badman et celui du juge. En effet, pour le spectateur, le rôle de Gene Hackman est sans aucun doute le rôle du méchant de l'histoire. C'est un homme violent, raciste et arriviste. De plus, c'est un homme qui agit de façon violente sous couvert de la loi et sous le prétexte de protéger la ville de Big Whiskey.

 

On peut citer à ce propos une phrase de John Ford qui disait que « les réalisateurs de western ont eu tort de transformer en héros des bandits comme Billy the Kid, qui était d'une brutalité et d'une férocité incroyables, même s'il est vrai que la loi et l'ordre furent imposés par des délinquants assagis auxquels avait été confiée la charge de shérif ».

 

En cela, le personnage de Little Bill répond à une vérité historique. On sent bien par ses attitudes que cet homme cache un passé peu reluisant. C'est d'autant plus vrai qu'à la fin du film, lorsque Munny vient le tuer dans le saloon, Little Bill est à terre avec le canon du fusil pointé sur son visage et s'exprime ainsi à son adversaire : « On se retrouvera en enfer Munny ». C'est au moment de sa mort qu'il est vraiment conscient d'avoir été un badman, et que sa place après la mort ne pourra être qu'en enfer. Little Bill joue aussi le rôle du juge, que Vincent Pinel décrit comme souvent expéditif et corrompu. Dans une scène du film, le shérif est face aux agresseurs de la prostituée dans le saloon de la ville. Les brutes sont attachées et Gene Hackman se tient face à eux. Les femmes du bordel attendent de sa part une punition sévère et juste. Contre toute attente, ce dernier ne les fouette pas et leur propose de donner des mules au propriétaire du bordel pour réparer le mal. Little Bill va même jusqu'à excuser les deux agresseurs en disant à une des prostituées que ce ne sont que deux éleveurs de bétails travailleurs qui ont commis une petite bêtise. La justice rendue ici ne peut être qu'expéditive. Ce trait de personnalité du shérif entre bien dans la caractérisation que fait Vincent Pinel des juges dans les westerns.

 

 

3) La prostituée au grand coeur : Alice (Frances Fischer) et Delilah (Anna Thompson)


 

Selon Gabrielle Lucci dans son ouvrage Le Western, la catégorie de la prostituée au grand coeur énnoncée par Vincent Pinel se distingue par un caractère de femme battante. Pour Lucci, le western compte souvent des femmes allant de l'avant et qui ne se laissent pas abattre par les coups du sort. Le rôle d'Alice entre pleinement dans cette catégorie. Eastwood nous montre Alice comme la meneuse des femmes du bordel. C'est elle qui a l'autorité et le profond respect des autres filles. C'est elle également qui décide de collecter une somme d'argent destinée à payer des chasseurs de primes pour venger l'agression d'une des prostituées. C'est une femme révoltée par la décision du shérif de ne pas plus punir sévèrement les agresseurs de son amie. Elle décide donc de faire justice elle même. Alice prend les décisions et le groupe suit. Lors d'une scène, elle s'oppose verbalement à Little Bill lorsqu'elle apprend le sort réservé aux deux brutes.

 

Dans le western, la Femme peut être une confidente auprès du westerner. La femme de saloon est toujours prête à consoler l'homme et à être à l'écoute de ses espoirs et de son passé. Munny se confie à Delilah (la prostituée agressée) dans le film : « Tu n'es pas laide comme moi, c'est juste que tous les deux, on a des cicatrices. Je ne peux accepter une passe gratuite par rapport à ma femme... ». S'ensuit dans les dialogues un bref échange de leurs vies passées. Il ya peu de place chez l'homme de l'Ouest pour l'amour, c'est pour cela que les prostituées sont souvent présentes dans le western.

 

 

4) Le journaliste, l'écrivain : Monsieur Beauchamp (Saul Rubinek)


 

Selon Vincent Pinel, on peut trouver dans les westerns le rôle du journaliste-écrivain, qui « tient souvent la chronique et fait le lit de la légende ». C'est exactement le rôle de Saul Rubinek. Monsieur Beauchamp est de plus un tender-foot, un être cultivé qui est fasciné par la brutalité et le passéisme des hommes de l'Ouest. C'est un homme peureux (Il s'urine dessus lors d'une scène où les hommes du shérif pointent leurs armes dans sa direction) et opportuniste. On fait sa connaissance au milieu du film lorsqu'il accompagne English Bob, un personnage de légende dans l'Ouest. Leur route se sépare lorsque Beauchamp apprend que les récits d'English Bob n'étaient en réalité que des mensonges. Il suivra donc Little Bill pour achever son livre. Little Bill lui racontera volontiers les légendes de l'Ouest et contribuera à créer la sienne par le biais de cet homme qui confine tous les événement dans ses carnets. La figure de l'écrivain-journaliste est donc bien présente dans le film et ne fait qu'accentuer l'inscription d'Impitoyable dans le western.

 

 

5) Le tender-foot : English Bob (Richard Harris)


 

L'homme de l'Est, l'homme des grandes villes est ici incarné par Richard Harris dans le rôle d'English Bob. Contrairement aux autres westerns ou le tender-foot est un américain de l'Est, celui ci est un anglais cultivé et cynique. Il appartient quand même à cette catégorie de part ses vêtements (bowler, costume anglais) et de part le regard qu'il jette sur l'Ouest. Un regard assez méprisant sur la misère des bourgades de l'Ouest et sur la politique du pays entier. Il appartient aussi à la catégorie des chasseurs de primes.

 

Remarque : A travers la caractérisation des personnages dans le film, on voit bien avec quel plaisir le réalisateur joue avec les codes du genre. Les rôles ne sont pas stéréotypés, Eastwood utilise les codes du genre et se les réapproprie en étoffant la profondeur des personnages par l'appartenance de ces derniers à plusieurs personnalités inérantes au genre du western. Little Bill est shérif, badman et juge par exemple.

 

 

II/ L'opposition entre « Wilderness » et « Civilization » dans le film:


 

A propos du western, Kitses applique au genre cinématographique la méthode structuraliste d'analyse des mythes en dégageant de la somme des films, une structure qui organise des oppositions signifiantes. Il identifie des oppositions structurales dans les films, dont le contenu peut varier d'un film à l'autre, mais qui renvoient toutes à une opposition fondamentale entre Espace sauvage (Wilderness) et Espace civilisé (Civilization). Les différents westerns ne font ainsi que narrativiser une structure (Wilderness contre Civilization). Le personnage de Munny obéit à cette opposition, en voici l'analyse

 

 

 1) William Munny :

 

Pour ce personnage, il est donc assez clair qu'il entre dans la catégorie « Wilderness ». C'est un homme qui a une grande soif de liberté. Après s'être repenti de ses crimes passés, il s'est installé avec sa femme et ses enfants dans une modeste ferme éloignée de toutes autres habitations. Munny à un grand sens de l'honneur, lorsque son ami Ned est tué par les hommes du shérif, il n'hésite pas à aller le venger. Dans une scène du film, éclate une fusillade. Munny touche un de ses adversaires et laisse un autre ennemi aller chercher l'homme blessé en lui jurant de ne pas tirer. C'est un homme qui a une grande connaissance de lui, comme nous l'avons dit plus haut, il fait presque figure de vieux sage. Will est intègre, il agit pour son intérêt personnel en acceptant de tuer les agresseurs pour une somme d'argent et pour venger le tort fait à une dame. Même avec les changements moraux qu'éprouve le héros dans le film, il n'appartiendra aucunement à la catégorie « Civilization ». L'opposition « Nature-Culture » est ici pertinente dans l'analyse du personnage.

 

Comme tous les personnages du film, Munny est un être ambigu, à la moralité parfois douteuse. C'est un anti-héros qui partage ses traits de personnalité entre « Nature » et « Culture ». En effet, il a l'expérience et le savoir dès le début du film. Avant de redevenir une brute comme il l'était par le passé, il pouvait cultiver une certaine humanité. Mais après la mort de Ned, il redevient brutal et féroce. On pourrait dire alors que Munny ne peut échapper à sa vraie nature. Il retrouve très vite ses vieux réflexes de badman et son humanité disparaît subitement. Après avoir tué le shérif et qu'il s'apprête à sortir du saloon, Munny crie au dehors : « Bon je vais sortir, tout homme que je vois dehors, je le tue, tout salopard qui me tire dessus, non seulement je le tue, mais je tue sa femme et tous ses amis. Je mets le feu à sa putain de maison! ». C'est la dernière phrase prononcé par Will dans le film. Il est donc intéressant de voir que ce personnage entre dans les oppositions strucurales de Kitses, mais de manière subtile et non stéréotypée. C'est le travail d'écriture du personnage qui lui donne ces ambivalences entre Nature et Culture, comme tout homme peut l'être. William Munny s'inscrit donc comme un pur westerner et donc dans le genre du western et ceci de manière non manichéenne.

 

 

III/ Autres codes isolés du western dans le film :


 

1 – La vengeance :

 

C'est le thème central du film. Le scénario nous propose même une double histoire de vengeance. Celles des prostituées en premier lieu pour venger l'agression de leur amie puis celle de William Munny pour la mort de son meilleur ami, Ned Logan. Le récit de vengeance est propre au western, c'est d'ailleurs la troisième catégorie d'intrigue des westerns dans les travaux de Will Wright. La vengeance dans le western est une structure et une intrigue très représentative du genre et a engendré beaucoup de succès au box office avec des films dit « vengeurs ».

 

2 – L'amitié virile :

 

La relation d'amitié entre Will et Ned est très équivoque. Lorsque Munny vient chercher Ned, ils ne se sont pas vus depuis très longtemps et pourtant, Ned n'hésite pas à laisser sa femme pour partir avec son vieil ami. Les confidences sont rares, mais un seul regard suffit aux deux hommes pour se comprendre. Ils forment un vrai duo, solide et innébranlable. Après la mort de Ned, on peut lire l'immense chagrin de Will. Il se servira de ce chagrin pour venger son ami dans un déluge de violence aveugle.

 

3 – La représentation de la ville :

 

Se conformant à la réalité historique, Impitoyable, comme tout bon western, ne présente pas de grandes villes, mais surtout des bourgades et des villages. Se sont souvent des villes provisoires à côté de chemin de fer et de mines. Big Whiskey, la ville ou se déroule le film, est une bourgade minable, parfaite pour célébrer la chute morale du héros. On peut y voir le saloon, la banque, la boutique du coiffeur ainsi que le bureau du shérif. En cela, le film respecte les codes du genre à l'écran.

 

4 – La fin du film :

 

La fin du film est poignante, dans le cadrage que lui donne Clint Eastwood, Munny se rend sur la tombe de sa femme qu'il avait enterrée au début de l'histoire. Le choix d'ouvrir et de clore le récit par un même plan reprend la « structure circulaire » classique, ici en lieu symbolique, le cimetière, où souvent le héros du western trouve refuge et réconfort. Cette fin est propre au genre du western avec sa logique de répétition. Les westerns utilisent les mêmes matériaux pour lesquels ils proposent un traitement cinématographique identique, ce qui fixe l'iconographie du genre.

 

5 – La relation du Kid avec Munny :

 

Dans de nombreux westerns, un personnage mûr ou âgé est accompagné d'un plus jeune auquel il sert en quelque sorte de maître et de pédagogue. C'est exactement ce qui se passe avec Munny et le Kid. Le Kid est prétentieux et menteur, il est impressionné par Will. C'est à son contact qu'il trouvera sa véritable nature ; celle d'un jeune adulte qui ne veut pas être chasseur de primes et qui contre toute attente, déteste les armes à feux et la violence. Le Kid est aussi le faire-valoir de Munny, son sidekick, qui est une figure du western.

 

 

IV/ Les sources d'inspiration de Clint Eastwood :


 

Pour aider à mieux comprendre pourquoi Clint Eastwood est une figure liée au western et quelles sont ses sources d'inspiration lorsqu'il se lance dans la réalisation de western, voici un compte rendu d'une interview publiée dans les Cahiers du cinéma en août 1996. Pour le réalisateur, faire un western est instinctif parce que ses racines sont là. Martin Scorsese dit que Clint Eastwood a toujours pensé que les westerns sont une des formes d'art que les américains ont le droit de revendiquer. C'est peut être un instinct de revendication qui pousse Eastwood à réaliser des westerns comme Impitoyable. Comme les premiers succès du cinéaste sont des westerns, il a l'impression qu'il peut en faire des bons films et que le public le suivra. La dernière fois qu'il avait tenu un rôle dans un western avant Impitoyable remonte à 1985 avec Pale Rider, oeuvre qui joue sur des références à Pour une poignée de dollars et directement à Shane de George Stevens que Leone reconnaissait comme une des bases dont il s'était inspiré pour son premier western. Le réalisateur dit s'être écarté du lyrisme amer de la trilogie de Sergio Leone qui l'a beaucoup inspiré et qui l'inspire encore. Il a filmé des êtres trop abimés pour devenir héroïques.

 

 

V/ Conclusion :

 

A travers cette analyse, nous avons essayé de montrer comment Impitoyable s'inscrivait dans le genre du Western. Clint Eastwood met en scène, sous la forme d'un western, une vision de l'homme désabusée et mélancolique. Son film est un hommage très original au western, ni trop classique, ni trop irrévérencieux comme le dit Aurélien Ferenzi dans un article de Télérama. Il a le mérite de réinterpréter, avec une sensibilité moderne, les valeurs qui ont rendu immortel ce genre cinématographique. Eastwood apporte sa propre réflexion sur le mythe du western, genre moribond au cinéma dans les années 90. « Le western est toujours un miroir », dira Clint Eastwood à la sortie du film. « Aujourd'hui, notre société est devenue permissive à l'égard de la violence; nos parents n'auraient jamais toléré ce que nous tolérons. Nous acceptons la violence, du moins tant qu'elle ne nous touche pas directement. Mon film parle de cela et de l'effet de la violence sur celui qui l'exerce comme sur celui qui la subit. Dans la plupart des westerns, y compris les miens, celui qui tuait n'épouvait aucun remords. Il tuait les méchants, c'est tout. Cette fois, le personnage réfléchit, il éprouve des sentiments ». C'est cette radiographie des sentiments qui est vraiment nouvelle dans le genre, et c'est ce qui fait la force de ce film d'auteur crépusculaire et lumineux à la fois.

 

 

 

Tag(s) : #LES DOSSIERS DU PATRON (analyse de films)
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